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IV

On me conduit dans mes appartements.

Mais la bonne humeur me revint comme par enchantement, lorsque, vers quatre heures, on résolut enfin de me conduire dans mes appartements.

Cela se fit le plus simplement du monde. On ouvrit à ma gauche une petite porte en fer, et j’avançai…

De là à la vraie prison, c’est à peine s’il y a trois pas, et vous n’avez qu’à le vouloir pour vous rendre tout de suite aux cellules. Rien n’est plus facile. Vous tournez à votre droite, vous montez un petit escalier branlant, et vous arrivez devant une grande porte grillagée. Vous frappez discrètement, et un garde vient vous ouvrir. Alors, vous pouvez vraiment vous vanter d’être en prison.

Imaginez un vaste corridor, d’au moins quarante pieds de long sur cinq de large. D’un côté, douze cellules bien résistantes, aux portes entrebâillées. De l’autre, un mur percé de fenêtres grillagées, par lesquelles on aperçoit la campagne québecquoise… Vous suivez ce corridor jusqu’au bout, vous obliquez à gauche, et vous voilà dans un second corridor, aux fenêtres donnant sur la ville et les champs, et riche également de douze cellules. Tel était mon nouveau domicile. C’est ce que l’on appelle, à la prison de Québec, le ward 17.