Page:Fournier - Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1880.djvu/152

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D’autres dans les sillons d’une mer orageuse
               Aiment à se croiser ;
Et le nocher pliant sa toile aventureuse
               Voit leur ombre passer.

Quand la faux a tondu la blonde chevelure
               De nos champs moissonnés,
Plusieurs glanent l’épi qui doit sous la ramure
               Nourrir leurs nouveau-nés.

L’un cherche le grand jour, l’autre fuit la lumière
               Et veut l’obscurité ;
L’un au palais des rois, l’autre sous la chaumière
               Prend l’hospitalité.

Mais dans ce lieu d’exil, pour compagne fidèle,
               Parmi tous les oiseaux,
Mon cœur par sympathie a choisi l’hirondelle
               Qui vole sur les eaux.

Comme elle nous passons, comme elle, dans ce monde,
               Cherchons des cieux meilleurs.
Et nous allons tous deux, rasant la mer profonde,
               Nous reposer ailleurs !
 
Tu cherches le printemps, hirondelle légère,
               Et l’homme le bonheur ;
Tu dois l’aller trouver sur la rive étrangère,
               Et lui dans le Seigneur.


LE MAL DE L’ATTENTE


C’en est fait, le nuage a dévoré l’étoile ;
Mon Dieu, ta vérité disparaît sous un voile,
Et la Foi, qui jadis éclairait l’univers,