La ballade, imitée de Shakspeare, que l’on va lire est la
seule pièce de vers de Mme Georges Sand, qui soit bien authentiquement
d’elle. Nous l’avons trouvée dans un keepsake
de 1832, les Soirées littéraires. Mme Sand n’était alors que
depuis un peu plus d’un an à Paris, où elle était venue du
Berry, après s’être séparée de son mari, le baron Dudevant. Un
roman, Rose et Blanche, avec Sandeau, qui lui avait laissé
prendre la moitié de son nom pour qu’elle s’en fit un, était
tout ce qu’elle avait publié. Pour vivre, elle peignait des fleurs
et des oiseaux, et, pour s’amuser, faisait des vers.
Quand le succès lui fut venu, avec Indiana, Valentine et Lélia, elle laissa là les couleurs et dit adieu à la rime. Si elle la reprit, ce ne fut que bien plus tard, et par jeu, pour faire quelques complaintes sur les événements de sa vie champêtre, comme celle que Quérard a publiée dans un journal qu’il avait, sans modestie, affublé de son propre nom.
On trouve dans sa Lélia de fort belles stances que chante Sténio, mais il est à présent admis, comme on aurait dû s’en douter plus tôt, à voir ce qu’elles ont d’élan et de feu, que c’est Musset, alors dans la première flamme de sa liaison avec elle, qui les a écrites.
Mme Sand est morte le 8 juin 1876, à soixante-douze ans.
LA REINE MAB
Chasseur, sur cette plaine
Que vois-je donc venir ?
Dans la nuit incertaine
Qui peut ainsi courir ?