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Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/140

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LES CHOSES QUI S’EN VONT

mençait à tirer les rangs, deux par deux, à divers endroits dans le morceau. C’était encore, dans ce temps-là, la charrue-à-ruelles tirée par les bœufs attelés au joug, et conduits par un petit toucheux. Il fallait voir avec quelle importance le petit faisait siler la mise de son fouet de peau-d’anguille, en criant : Hue don ! Rougé-Taupin !

Les petits jeunes comme nous autres, devions glaner les patates sorties à fleur-de-terre, et les jeter en tas, de place en place. Cela ne nous empêchait pas de se garocher des petits gorlots, piqués au bout d’une hart, qui nous faisaient pousser des gnioles sur la figure.

Ces rangs que nous avions ainsi glanés en jouant, étaient ensuite piochés avec soin par les hommes, afin d’en aveindre toute la récorte. Les femmes qui suivaient ces piocheux, et qui, pour ce faire, se traînaient sur les genoux, ramassaient les pommes de terre dans des sciaux, afin de ne pas les mâcher en les jetant de loin sur les tas. Si les patates étaient gornues, c’est-à-dire,