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LES CHOSES QUI S’EN VONT

jouaient au pitro ou au quatre-sept ; nous autres, les jeunes, à la crêpe ou au crapeau galeux, ce qui n’est guère compliqué, je vous garantis.

Il fallait pourtant avoir l’œil à ne pas veiller trop tard, car la table se remettait dans un crac ; et c’est ni tout ci ni tout ça, il fallait réveillonner : pas moyen de s’en démancher.

Le cri : « Marie ! graye le petit qu’on s’en aille ! » donnait le signal du départ. Alors chacun des partants saluaient, une à une, toutes les personnes de la maisonnée : « Bonsoir, Johnny, merci de vos politesses. À la revue ! Bonsoir, Céline ! merci de vos honnêtetés. À la revoyure ! » etc… Et ils recevaient invariablement la même réponse : « Mais c’est à nous à vous remercier ; vous nous avez baré un bon coup de main, et on vous a bien de l’obligation. » L’on se séparait ainsi, sans avoir décidé au juste à qui devaient revenir tous ces mercis sincères, de part et d’autres.

Les salutations, les remerciements, les bonsoirs, nous accompagnaient jusque sur le perron. On sortait même,