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LES CHOSES QUI S’EN VONT

entre lesquels nous posions les minuscules pieux, espacés avec l’art requis, pour former un parallélogramme dont les figures géométriques connues ne donnent pas d’exemple.

Sans perdre de temps, la maison, une boîte vide d’allumettes soufrées — s’élevait ; puis la grange — une caisse vide de vermicelle — flanquée du moulin-à-battre aux voiles de carton, et qui virait comme un vrai. La plantation des arbres, le long de chemins ne menant nulle part, devenait l’occasion d’échanges de vues — et aussi de soufflets — révélant des initiatives contraires qui ne devaient aboutir, elles non plus, à rien. Les jardins se dessinaient qui demeuraient stériles, malgré les semences répétées de sable fin. En attendant cette croissance, notre activité nous poussait à agrandir nos domaines, indéfiniment.

Nous nous apercevions un jour que les sèves printanières avaient soulevé l’herbe autour de nos clôtures lilliputiennes. C’était le temps des foins, après lesquels nos champs devenaient