dire sans trop forcer la métaphore, il me semble, qu’ils nous ont vus naître.
N’est-il pas vrai que nous évoquons rarement une des premières visions de nos mères, sans lui trouver le rouet pour accessoire ? Sans cela, la silhouette aimée reste toujours émouvante, certes, mais elle nous apparaît comme un jouet brisé auquel il manque quelque chose d’essentiel.
Si nous voulons remonter vers nos plus anciens souvenirs, la chanson maternelle — la « Poulette grise » par exemple — ne nous revient bien en mémoire qu’à travers les bruissements harmonieux du fuseau. Et si les yeux de nos mamans charmèrent nos premiers regards, n’est-ce pas la roue merveilleuse du rouet qui les étonna ? Ces choses sont tellement mêlées dans le lointain de nos réminiscences enfantines ; elles s’y embrouillent si délicieusement, que ce serait mal de vouloir séparer ce que notre cœur a depuis si longtemps uni.