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LES CHOSES QUI S’EN VONT

Il se donna une raison, et entra… pour voir (comme s’il fallait toujours une raison pour voir à se marier !) Or, la fille était encore replette et ragoûtante, comme disait sa vieille mère qui aimait le ragoût. Elle avait, de plus, du beau vison et des coffres bien tassés de bon butin que lui avait quitté défunt trépassé son père. La travailleuse imposa silence à la marchette, et soudain ses idées s’éclaircirent. Elle décida qu’après avoir tant travaillé pour les autres, elle pouvait bien commencer à travailler pour elle-même.

Ils se mari-irent, sans faire trop de tra la la ; une petite noce de canton, une poignée de monde de l’entourage. Ils reçurent les noceux avec du jus de gadelles décoré du nom de vin, pour la circonstance. Ils soupirent, chantirent, dansirent, réveillonnirent et passirent toute la fine nuite sur le carreau.

Ce fut certainement de belles et joyeuses noces et c’était un mariage de plus dans la paroisse ; mais c’était toujours bien encore un métier de moins.