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L’amour de la terre.



T out le monde le dit, c’est pourquoi tout le monde le sait : on n’aime plus la terre. Paroles banales, texte de maints discours chaleureux et très applaudis ; titre cent fois retapé d’une légion d’articles de journaux où s’alignent des statistiques renversantes ; forme vieillie, mais qui n’a pas cessé d’être vraie, d’une douloureuse affirmation de chaque jour : on n’aime plus la terre.

Et justement parce qu’une vérité austère n’aura jamais l’attrait d’un riant mensonge, les cultivateurs, objets de tant d’éloquence et de littérature, désertent quand même les campagnes. Ils ne tiennent plus sur le bien, et se dérobent à la tâche sacrée qui les liait au sol des ancêtres. Leurs fils nombreux et leurs filles, aspirent à voler de leurs