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MONTFERRAND
la population accourue en foule, il y avait beaucoup de dames — et les soldats de la garnison formaient la chaîne pour contenir les deux mille spectateurs de cette scène. De nombreux paris étaient engagés. Montferrand ignorait cette circonstance. Le champion anglais était un colosse de six pieds quatre pouces de haut. Son torse et ses bras nus étaient
Son torse et ses bras nus étaient couverts de poils.
couverts de poils. Son apparence en imposait aux plus braves — si bien que Montferrand se crut perdu. Une faiblesse générale s’empara de ses membres. Il ne savait comment se tourner. Tout à coup, la musique du régiment se fit entendre. Elle eut un effet magique sur notre héros. Il entra dans le cercle et se mit en garde. L’Anglais porta un coup habile, qu’il croyait irrésistible, mais qui fut paré. On applaudit. Aussitôt la confiance des parieurs se tourna du côté de Montferrand. Celui-ci redoutait maintenant plus la science que la vigueur de son adversaire, et comptait le fatiguer, grâce à l’inépuisable force dont il se sentait lui-même possesseur. À la douzième reprise, l’étranger donna des signes de faiblesse, et à partir de ce mo-