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MONTFERRAND
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tance. D’ailleurs, ses bras étaient pour la force et la vigueur, hors de comparaison avec ceux d’aucun homme.

Un jour il hâla par la chaîne une chaloupe qui flottait derrière un bâtiment et l’embarqua. Il fallut cinq hommes pour la remettre à l’eau.

Martin Hennessay, contremaître d’une compagnie de marchands de bois, rivale de Bowman que Montferrand représentait dans le haut de l’Ottawa, avait composé une chanson pour célébrer ses exploits. Chaque fort-à-bras qu’il démolissait ajoutait un couplet à cette kyrielle déjà longue. N’ayant jamais vu Montferrand, il lui prit fantaisie de rimer à son sujet une strophe finale, à peu près dans ces termes :

Et Montferrand, au pied léger,
Aura de mes nouvelles.
Il ne pourra pas s’en sauver :
Je le cherche et l’appelle !

À quelque temps de là, Montferrand eut occasion d’entrer dans une cambuse ou chantier tenu par un Irlandais, près du village de Buckingham, et se trouva en présence d’une vingtaine de shiners, parmi lesquels Hennessay, qui se fît connaître.

Une autre version rapporte que M. Bowman avait fait cadeau à Montferrand d’un chapeau de castor et que en le voyant passer avec cette coiffure, on l’interpella amicalement sous prétexte de « mouiller » l’article. Ces hommes avaient déjà bu passablement. Après quelques nouvelles rondes, la plupart se trouvaient gris. Hennessay avait l’ivresse désagréable. Se levant tout