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MONTFERRAND
que jamais à présent on ne parle de ces deux athlètes — tout est mis au compte du Montferrand que nous avons connu.

La beauté de sa figure, l’aimable expression de ses traits, la grâce de toute sa personne, la jovialité de sa conversation en faisaient l’un des hommes les plus captivants et les plus polis de l’époque, mais il parlait toujours avec hauteur et mépris de ceux qui tentaient de se faire une renommée par des bravades. « Bon à rien », « cabochon », « morveux », « serre-le-grain », « punaise de bois », « enfant de quatre sous » — telles étaient les expressions qu’il employait pour les désigner. J’en passe, et des plus énergiques !

Avec ses grands yeux bleus, ses cheveux blond foncé, son teint clair, ses joues rosées, quand il entrait dans un bal, on ne voyait plus que lui. Danseur incomparable, un peu poseur comme tous les beaux garçons, il enlevait les suffrages. À table, gaîté et politesse, à la mode des anciens seigneurs. Il n’y a qu’une voix parmi ses contemporains pour chanter ses louanges et exprimer leur admiration à son égard.

Pouffant de rire à voir couler sa vie
Comme le vin d’un tonneau défoncé,

le voilà bien fidèlement décrit par le chansonnier.

Amour ! tu perdis Troie. Amour ! tu fis le malheur de Samson. Amour ! si l’on instruisait ton procès, tu serais… plus chéri que jamais ! Je te consacre trois exclamations.