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Page:Fréchette - La Voix d’un exilé - 1868.djvu/15

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Mais lui, le chef, qu’est-il, ce vantard hypocrite
Qui porte sans rougir tant d’infamie écrite
Sur son front impudent ? Oui, qu’est-il, après tout ?
Hargneux quand il se tait, insolent quand il parle,
Paillasse à Burlington, déserteur à St. Charle[1],
Rampant à Londre et gueux partout.

Il a, pour parvenir, mis tout à son service ;
Il escompte le vol, il pressure le vice,
Ce vieillard tout suintant de prostitution ;
Pour qu’il puisse à Windsor paraître en bas de soie,
Tout, le coffre public et la fille de joie
Sont mis à contribution[2].

Déchirant par lambeaux nos libertés si chères,
Il avait hardiment mis son peuple aux enchères,
Et livré sa patrie à mille aventuriers ;
Pour l’en récompenser, on le pare d’un titre :
Il se pâme, il se gourme, en son orgueil de pître
Judas a ses trente deniers !

Iscariote ayant vendu son divin Maître,
Bourrelé de remords, il se pendit, le traître,
Croyant trouver au moins la paix dans le trépas.
Mais ce vil brocanteur n’a pas l’âme si tendre ;
Jamais il n’aura, lui, le cœur d’aller se pendre :
Il est plus lâche que Judas !

  1. On sait que celui dont le poète parle, après avoir, en 1837, soulevé les habitants de sa paroisse natale par ses discours incendiaires, se sauva lâchement avant la bataille de St. Charles, et se retira à Burlington, Vermont, où il écrivit des niaiseries patriotiques. La chronique rapporte même que quelques connaissances qu’il fit à Albany, N. Y. furent forcés de se cotiser pour lui acheter un pantalon. Il insulte maintenant à tout propos le peuple des États-Unis ; serait-ce ce pantalon qu’il aurait encore sur le cœur ?
  2. Il n’y a pas encore trois ans, G. E. Cartier louait à des femmes publiques, plusieurs maisons lui appartenant.