Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/106

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Un temps où les soucis, de leurs ongles arides,
Sur nos traits fatigués ont buriné leurs rides
Au milieu d’étranges pâleurs ;
Où l’homme mûr, qui sent venir sa fin prochaine,
Traîne derrière lui comme une immense chaîne
Dont les anneaux sont des douleurs !

Une époque où souvent, gémissante et blessée,
Après avoir du ciel où planait sa pensée
Vu fuir les blanches visions,
L’âme humaine, égarée aux détours de la route,
S’achemine à tâtons dans les sentiers du doute,
Veuve de ses illusions !

Tu ne sais pas encor par quel triste mystère
L’on rencontre, parmi les puissants de la terre,
Tant de fronts sombres et rêveurs…
Crois-moi, même ceux-là sont peu dignes d’envie,
Car les fruits les plus beaux de l’arbre de la vie
Ont souvent d’amères saveurs !