Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/112

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L’horizon se tordait en silhouette étrange ;
Et, sondant de la nuit les vagues profondeurs,
Nous regardions passer, comme un décor qui change,
La rive déroulant ses mobiles splendeurs.

Oh ! comme il faisait bon ! Nous causions, gais, frivoles ;
Vos rires éclataient, comme des chants d’oiseaux ;
Et, quand nous nous taisions, de joyeuses paroles
Arrivaient jusqu’à nous avec le bruit des eaux.

Tout à coup, une voix fraîche, mélodieuse,
Fit flotter dans la nuit son timbre plein d’émoi…
Oh ! qui dira jamais l’extase radieuse
Dont nous fûmes bercés, ce soir-là, vous et moi !

Vous en souviendrez-vous ? Hélas ! vos jours de rose
Laissent bien peu de place aux regrets superflus…
Mais moi, de cette nuit je garde quelque chose ;
Car j’emporte en mon cœur un souvenir de plus.