Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/38

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Plus prompt que l’éclair ou l’oiseau qui vole,
Ce temps qu’on dépense en vœux superflus,
Ce temps qu’on gaspille en calcul frivole,
Quand on va l’atteindre, il n’est déjà plus !

Un an vient de fuir, un antre commence…
Penseurs érudits, raisonneurs subtils,
Vous qui disséquez la nature immense,
Ces ans qui s’en vont, dites, où vont-ils ? —

Ils vont où s’en va tout ce qui s’effondre ;
Où vont nos destins à peine aperçus ;
Dans l’abîme abrupt où vont se confondre
Avec nos bonheurs nos espoirs déçus ;

Ils vont où s’en va la vaine fumée
De tous nos projets de gloire et d’amour ;
Où va le géant, où va le pygmée,
L’arbre centenaire et la fleur d’un jour ;