Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/71

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Le long panache dont sa tête est couronnée
Déroule dans les airs ses ondoyants réseaux ;
Il tourmente à grand bruit, la vague déchaînée…
Il passe, il fuit, laissant une longue traînée
Noire dans le ciel pur et blanche sur les eaux.

O fleuve, qu’ils sont loin les jours où nul servage
N’avait encor dompté ton orgueil éclatant ;
Où de légers wigwams ornaient seuls ton rivage ;
Où tu n’avais bercé sur ta houle sauvage
Que la frêle pagaie et le bouleau flottant !

Penchant leur front pensif sur ton urne qui gronde,
O vieux Niagara, qu’ont donc dit tes forêts,
En voyant, jusqu’au fond de ta grotte profonde,
Ta sombre royauté crouler comme ton onde,
Et s’éclipser devant ce géant du progrès ?