Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/95

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Lui, le puissant tribun que la foule en démence
Saluait tous les jours d’une clameur immense,
Relégué désormais dans un monde idéal,
Drapé dans sa fierté qu’on croyait abattue,
Il dormait dans l’oubli, gigantesque statue
Arrachée à son piédestal !

Souvent, lorsque le soir de ses lueurs mourantes
Dorait de l’Ottawa les vagues murmurantes,
Au-dessus des flots noirs, sur le coteau penchant,
Où l’aigle canadien avait plié son aile,
On le voyait, debout comme une sentinelle,
Regarder le soleil couchant.

Alors le bruit des eaux brisant sur les écores,
Les murmures du vent dans les grands pins sonores
La chanson des oiseaux, la plainte des bois sourds,
Tout ce concert confus de rumeurs innommées
Qui s’élèvent, la nuit, de l’onde et des ramées,
Tout lui parlait des anciens jours.