Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/150

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Toujours est-il qu’un jour l’héroïque interprète,
Abandonné de tous, sans espoir désormais,
S’arrêta. Que fit-il ? On ne le sut jamais ;
On le devine. Après une longue semaine,
Ses anciens compagnons que le devoir ramène
Remontaient le portage, apportant des secours.
Ils battirent les bois durant quatre ou cinq jours ;
Et, fatigués enfin de recherche impuissante,
Ils allaient, l’âme en deuil, reprendre la descente,
Lorsque, sous un abri d’épaisse frondaison,
Une croix de bois brut qui sortait du gazon
Attira leurs regards. C’était dans ce lieu même.

Les chercheurs, à l’aspect de ce funèbre emblème,
Accoutumés à tout, ne furent pas surpris ;
Dans leur mâle douleur ils avaient tout compris.

Ils s’approchèrent. Là, dans une fosse ouverte,
De quelques branches d’arbre à demi recouverte,
Un cadavre gisait, à peine refroidi.
C’était Cadieux ; son front par la mort alourdi
Gardait comme un reflet de l’oraison suprême.