Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/162

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Sur la pointe, là-bas, en amont des brisants,
Pour un voyage au Bic. D’après les médisants,
Dieu voulut me punir, car c’était un dimanche,
Pas plus de vent que sur la main ; mais en revanche
Un brouillard, mes enfants, à couper au couteau.

J’avais à peine mis le pied sur le plateau,
Boum !... un coup de canon. Allons, me dis je, qu’est-ce ?
Et puis des roulements lointains de grosse caisse,
De brefs commandements en anglais, des jurons,
Des sifflements aigus, des appels de clairons,
Des bruits de porte-voix et d’armes qu’on décharge...
Le diable ! Et tout cela venant tout droit du large,
Indistinct, indécis, mystérieux, confus,
Un vrai rêve ! et sortant du grand brouillard diffus,
Comme un charivari parti de l’autre monde.
Alors, messieurs, ― tenez, que le ciel me confonde
Et me punisse aussi longtemps que je vivrai,
Avec tous mes enfants, si je ne dis pas vrai, ―