Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/164

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Mais je n’eus pas le temps de marmotter mon vœu :
Cric ! crac !... dans un fracas du tonnerre de Dieu,
Je vis là, devant moi, tous ensemble, et tout proches,
Les huit grands voiliers noirs s’abîmer sur les rochers...

― Et puis ?

              ― Et puis plus rien ; tout comme auparavant,
Moins le brouillard chassé par le soleil levant.
Messieurs, par mon patron, le grand saint Chrysostome,
J’avais vu les vaisseaux de l’amiral fantôme !
Ne soyez pas surpris si mes pas sont tremblants ;
C’est depuis ce jour-là que mes cheveux sont blancs ! ―

Celui qui nous parlait était un vieux pilote,
Qui jurait ses grands dieux, son âme et saprelotte,
Que jamais il n’avait, même en vidant son broc,
Fait à la vérité le plus petit accroc.