Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/171

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Qu’ils furent longs, ces jours de deuil et de souffrance !...
Nous t’avons pardonné ton abandon, ô France !
Mais s’il nous vient encor parfois quelques rancœurs,
C’est que, vois-tu, toujours, blessure héréditaire,
Tant que le sang gaulois battra dans notre artère,
Ces vieux souvenirs-là saigneront dans nos cœurs !

C’est que, toujours, vois-tu, quand on songe à ces choses,
A ces jours où, martyrs de tant de saintes causes,
Nos pères, secouant ce sublime haillon,
Si dénués de tout qu’on a peine à le croire,
Pour sauver leur patrie et défendre ta gloire,
Allaient, un contre cinq, illustrer Carillon ;

Quand on songe à ces temps de fièvres haletantes,
Où, toujours rebutés dans leurs vaines attentes,
Nos généraux, devant cet insolent dédain,
Étaient forcés, après vingt victoires stériles,
De marcher à l’assaut et de prendre des villes
Pour donner de la poudre à nos soldats sans pain ;