Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/225

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Un jour, ― c’était par un de ces hivers si rudes
Qui désolent souvent ces froides latitudes, ―
Trois Sauteux, qui venaient de chasser l’orignal,
Ne virent pas ― étrange et funèbre signal ―
Le vieux drapeau flotter à son mât qui balance.
Ils entrèrent au fort.
                              Un lugubre silence
Régnait partout. Soudain, dans un obscur réduit
Où le pressentiment d’un malheur les conduit,
Les trois chasseurs se voient en face d’un cadavre.
C’était Cadot, rigide, et ― spectacle qui navre ―
N’ayant que son drapeau pour dernier vêtement.
Le héros était mort, drapé dans son serment !
Le fort n’est plus debout. Pourtant, sur ses ruines,
Le voyageur prétend qu’à travers les bruines
Et les brouillards d’hiver, on voit encor souvent
Le vieux drapeau français qui flotte dans le vent !