Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Jetait, soir et matin, sur nos bords atterrés,
Ses bulletins de plus en plus désespérés
On bombardait Paris !

                             Or, tandis que la France,
Jouant sur un seul dé sa dernière espérance,
Se roidissait ainsi contre le sort méchant,
Un poème naïf, douloureux et touchant
S’écrivait en son nom sur un autre hémisphère.
Tandis que d’un œil sec d’autres regardaient faire, ―
D’autres pour qui la France, ange compatissant,
Avait donné cent fois le meilleur de son sang, ―
Par delà l’Atlantique, aux champs du nouveau monde
Que le bleu Saint-Laurent arrose de son onde,
Des fils de l’Armorique et du vieux sol normand,
Des Français, qu’un roi vil avait vendus gaîment,
Une humble nation qu’encore à peine née,
Sa mère avait un jour, hélas ! abandonnée,
Vers celle que chacun reniait à son tour
Tendit les bras avec un indicible amour !