Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/322

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Un cadavre, c’est peu pour leur faim, et la proie
Qu’on vient de leur livrer les met en appétit.

Écoutez la clameur qui là-bas retentit,
Ou plutôt cette voix bestiale qui beugle ;
C’est le rugissement du fanatisme aveugle ;
Le hurlement du monstre encore inassouvi.

Tant que, sous son pied-bot, notre peuple asservi
N’aura pas mis son front et plié son échine ;
Tant que nous n’aurons pas, insensible machine,
Sans luttes, pour pâture à ses instincts étroits,
Abandonné, joyeux, le dernier de nos droits ;
Tant que nous n’aurons pas, à son intolérance,
Sacrifié jusqu’au souvenir de la France ;
Tant que notre foi sainte, à l’abri des lacets,
Gardera nos enfants, fiers, libres et Français ;
Tant que par droit d’aînesse et par droit de conquête,
Notre race, chez soi, marchera haut la tête,
On entendra rugir le despote.

                                      Il lui faut
Notre asservissement, ou sinon... l’échafaud !