Aller au contenu

Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Écoute ! ce drapeau n’a pas encor cent ans ;
Et, sur nuls bataillons aux panaches flottants,
Se ruant noir de poudre au milieu des mêlées ;
Sur nul rempart crachant les bombes par volées ;
À nul mât d’artimon secouant sous les cieux
Le pavillon vainqueur d’un peuple ambitieux ;
Sur la terre ou les flots, jamais l’âpre rafale,
― Non, jamais, même aux jours de clameur triomphale, ―
N’a déroulé de plis, aux yeux de l’univers,
Par des noms immortels plus noblement couverts !

Non, il n’a pas cent ans. Quand l’humanité sainte,
― Après avoir vidé plein sa coupe d’absinthe, ―
Dans le trouble orgueilleux de sa maternité,
Sentit naître en son flanc la vierge Liberté,
Comme un astre porteur de consolants présages,
Il monta souriant à l’horizon des âges.

Les peuples, gouvernés en troupeaux de moutons,
Vers le progrès divin s’avançaient à tâtons ;