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La mamelle épuisée à nourrir ses enfants,
Dans des élans de joie et d’amour triomphants,
Elle s’ouvre le flanc pour sa progéniture ;
Et, dans son noble orgueil — sainte et grande Nature ! —
Mêle son cri sublime à l’hymne solennel
Qui monte tous les jours de l’homme à l’Éternel.

Pourquoi cette antithèse et ce contraste immense ?
Celui par qui tout meurt et par qui tout commence,
Par qui tout se révèle ou tout reste scellé,
Celui qui fit les fleurs et l’azur constellé,
Qui veut que tout renaisse et veut que tout s’effondre,
Arbitre sans appel, pourrait seul nous répondre !

Aux bords ensoleillés de ton beau Saint-Laurent,
Ou sous l’ombre des bois au rythme murmurant
Qui te prêtent leur sombre et riche draperie,
Quand le désœuvrement conduit ma rêverie,
Ô cher pays dont j’aime à sonder le destin,
Je remonte souvent vers ce passé lointain.