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Dans un rêve ébloui qui souvent recommence,
Je crois entendre encor bourdonner dans les airs
Les cent bruits que le vent mêle, au fond des déserts,
Au tonnerre que roule au loin la cataracte.…

Puis je tombe à genoux : — sublime et dernier acte,
Ou prologue plutôt du drame éblouissant
Qui va donner un peuple à ce pays naissant —
Sur ces bords inconnus pour le reste du monde,
Sur ces flots que jamais n’a pollués la sonde,
Sur ces parages pleins d’une vague terreur,
Sur cette terre vierge où plane en son horreur
Le mystère sacré des ténèbres premières,
J’ai vu surgir, foyers de toutes les lumières,
Dans un rayonnement de splendeur infini,
Le soleil de la France et son drapeau béni ![1]



  1. Cette pièce, adressée aux membres de l’Institut canadien de Boston, se terminait par cet envoi :

    Enfants du Canada, fils de la noble France,
    Qui vivez étrangers sous un autre horizon,
    Vous pouvez réclamer de ce double blason
    La fière et franche indépendance.

    Non seulement la France a porté la clarté
    Jusqu’aux confins perdus de l’univers sauvage ;
    Elle a jeté partout, terrassant l’esclavage,
    Le germe de la liberté.

    Vous avez, je le sais, conservé ce prestige ;
    Votre Institut s’en montre inflexible soutien ;
    Vous portez pour devise un mot fier et chrétien :
    Ajoutez-y : — Noblesse oblige !