Page:Fréchette - Poésies choisies, II, 1908.djvu/243

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L’onde majestueuse avec lenteur s’écoule ;
Puis, sortant tout à coup de ce calme trompeur,
Furieux, et frappant les échos de stupeur,
Dans l’abîme sans fond le fleuve immense croule.

C’est la Chute ! son bruit de tonnerre fait peur
Même aux oiseaux errants, qui s’éloignent en foule
Du gouffre formidable où l’arc-en-ciel déroule
Son écharpe de feu sur un lit de vapeur.

Tout tremble ; en un instant cette énorme avalanche
D’eau verte se transforme en monts d’écume blanche,
Farouches, éperdus, bondissant, mugissant…

Et pourtant, ô mon Dieu, ce flot que tu déchaînes,
Qui brise les rochers, pulvérise les chênes,
Respecte le fétu qu’il emporte en passant.
(1868)