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l’art dans l’afrique australe

déjà quelque chose. Une autre, et elle n’est pas la seule, nous prouve que les autruches abondaient dans la contrée, mais sur celles reproduites ci-contre, nous pouvons voir, en outre, comment les chassaient les Bushmen.

L’un d’eux s’affublait de la dépouille d’une autruche dont on faisait tenir la tête avec l’aide de bâtons et s’approchait avec précaution des autruches que le rusé et courageux chasseur attaquait avec des flèches[1]. On peut voir la méfiance avec laquelle est accueillie l’intruse et constater, une fois de plus, que ces artistes primitifs n’étaient pas de simples décorateurs mais de sagaces observateurs.

C’est un procédé un peu analogue à celui-ci que les Kabyles, lors de l’insurrection de 1871, employaient envers nous : quelques-uns se couvraient de branchages et, la nuit venue, s’avançaient lentement à quatre pattes pour surprendre la sentinelle. Une autre de ces peintures nous offre, chose rare, un cavalier, ce qui indique qu’elle est sûrement d’époque relativement récente, peut-être l’artiste avait-il aperçu dans ses pérégrinations un voyageur à cheval, un marchand peut-être en quête de bétail ; ou un explorateur s’était-il, à l’aube du dix-neuvième siècle, aventuré dans les parages alors ignorés où fut plus tard élevée la station missionnaire de Masitisi, tout près de laquelle nous avons relevé cette peinture.

On peut être frappé de la diversité de ces décorations, les sujets varient peu, mais combien diffère la manière de les rendre !

Dans l’une nous apercevons des chasseurs embusqués cherchant à surprendre une antilope dont les pieds disparaissent

  1. Le missionnaire R. Moffat fut témoin de cette chasse vers 1818, qu’il raconte tout au long dans son ouvrage : Vingt-trois ans au sud de l’Afrique, traduit par H. Monod, 1846.