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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/165

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cher les cris, on les entend d’assez loin, comme une plainte ; la porte s’ouvre, le spectacle est effrayant.

Dans une petite pièce de trois mètres carrés au plus, une malheureuse, âgée d’une soixantaine d’années, apparait au milieu de l’obscurité. Ses membres se raidissent sous leurs entraves ; de longs cheveux blancs s’agitent sous les secousses épileptiques et une voix d’une ampleur formidable, ressemblant à un rugissement, répète sans répit : « Hosannah ! fils de David ! Hosannah ! fils de David ! » Une écume sanglante rougit les lèvres, les yeux s’ouvrent démesurément et regardent avec une fixité de visionnaire, les veines du cou s’enflent à se rompre et la voix continue « Hosannah ! fils de David ! » La porte se referme, le son du chant sinistre reste dans l’oreille du visiteur, et lui aussi entend bourdonner longtemps après avoir quitté l’asile : « Hosannah ! fils de David ! »

Saint-Yon possède en ce moment un sujet tout à fait exceptionnel. Il n’est pas, même a la Salpétrière, un exemple plus frappant de nervosité poussée à sa dernière limite. C’est une jeune fille de vingt-trois ou vingt-quatre ans, brune, avec de magnifiques yeux noirs qui ont un singulier reflet. Le premier venu n’a qu’à la regarder fixement pour l’hypno-