Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/175

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— Quoi ?

— Combien ta place ?

— Six sous !

— Six sous ! c’est trop cher ; je prends a quatre.

— Non ! j’y suis, j’y reste ! C’est la meilleure place ; le client débouche par là.

Il y a des discussions de prix, des marchandages à n’en plus finir, des transactions à un centime près.

Vers quatre heures en été, vers cinq ou six heures en hiver, les groupes d’hommes, de femmes, d’enfans, se sont fondus. Ils sont remplacés, selon la saison, par des melons, des citrouilles, des carottes, des artichauts ou des navets. Les dormeurs, pour prix de leur place, ont touché les quelques sous nécessaires à leur existence. Et ils recommencent, le lendemain… le surlendemain… toujours… jusqu’à ce qu’une bonne fluxion de poitrine, contractée une nuit de pluie ou de neige, les jette d’abord sur le lit de l’hôpital et ensuite dans la « boîte à dominos » finale.

Métier terrible que celui du dormeur ; combien est préférable celui d’éleveur de vers de terre !