Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/177

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C’est là qu’il se livrait à sa culture favorite et qu’il faisait rapporter, à sa façon, le lopin de terre dont il avait hérité, et sur lequel dix potirons auraient du mal à venir en même temps. La cour est séparée en tranches d’un mètre carré environ par des rigoles peu profondes : elle présente l’aspect d’un grand damier. Au milieu de chaque carré, un numéro indicateur. Pas un arbre, pas une plante. La maison masque de la rue la vue du jardin ; alentour, des terrains déserts ; le bonhomme Pervers était complètement chez lui.

Il ne sortait que pour ramasser dans la rue le fumier des chevaux, qu’il faisait sécher et éparpillait ensuite dans ses petits casiers en les arrosant copieusement d’une eau dont il était l’inventeur, et dont la puissance était telle qu’elle serait capable, nous disait-il lui-même, de « tirer les vers du nez » au plus fin Normand de la région.

Lorsque la pêche était ouverte et même souvent quand elle ne l’était pas, le bonhomme Pervers, la tête recouverte d’un large chapeau de paille, attendait ses acheteurs, toujours les mêmes.

— Allons, le vieux, trois sous de vers et des bons !

Il prenait une petite pioche de jardin, s’avançait vers un des carrés et soulève la terre.