Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/191

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relevé, les jambes nues et attendant avec calme ce que va rendre pour lui ce grand tube digestif d’une cité, qu’on appelle l’égout.

Quand la journée a été mauvaise, quand le graisseux est talonné parle besoin, il laisse de côté son amour-propre de spécialiste et dans l’obscurité, il devient chiffonnier, avec cette différence qu’il n’a ni hotte, ni lanterne, ni crochet. Il remue à la main les tas d’ordures.

Voilà pour la façon d’opérer ; pour le travail. Il nous reste à expliquer quels sont les bénéfices du graisseux, car nous aimons à croire que personne n’a pu s’imaginer qu’il se nourrissait de sa pêche. Non ! l’industrie consiste à en nourrir les autres.

Rentré chez lui, l’individu prend une grande poêle et la place sur des morceaux de bois qu’il s’est procurés de droite et de gauche et qu’il allume. On comprend qu’autrement l’achat du combustible ne serait pas payé par le bénéfice de ce qu’on fait cuire.

Dans cette poêle, on a vidé le contenu du bissac. Il y a un crépitement, puis, la viande généralement très-grasse puisqu’elle flottait sur l’eau, se transforme en graisse que l’on recueille dans un vase et que la femme du graisseux revend à des pauvres diables pour