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Si cette clientèle n’est pas choisie elle est, en revanche, d’une fidélité à toute épreuve, et voici deux anecdotes assez curieuses qui suffisent amplement à le prouver :

Lorsque le créateur du cabaret et l’inventeur non breveté du phonsot vivait encore et qu’on célébrait sa fête ou celle de son fils, il était d’usage dans l’établissement d’offrir un cadeau à chaque client. Ce cadeau consistait en une pièce d’argent de vingt centimes. On en distribuait cinq cents environ, soit : cent francs.

La remise de cette médaille d’un nouveau genre se faisait le matin de la fête, entre sept et huit heures. Le soir, les cinq cents pièces de quatre sous s’étaient transformées en autant de petits verres et elles rentraient au bercail, c’est-à-dire dans le sac de toile du propriétaire du café, qui les faisait ressortir l’année suivante.

Une fois, il en manqua deux ; on les retrouvait quelques jours après à l’hôpital, dans l’estomac d’un alcoolique — un des clients — qui était mort deux jours après la fête et dont on avait fait l’autopsie !

Le second fait semble établir d’une manière indiscutable que les soleils ont la reconnaissance du gosier :

Quand ce même propriétaire, inventeur du