Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/228

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il vint s’asseoir pour un délit sur les bancs de la correctionnelle. Il sortit triomphant de la salle du tribunal. Est-ce qu’on aurait trouvé à Rouen un juge pour condamner Goffard ? Est-ce que Goffard était même capable d’une mauvaise action ?

Il eut, il y a quelques années, un « suicide » qui le rendit célèbre quinze jours durant : manquant d’argent et n’en obtenant pas d’un parent rapproché auquel il s’était adressé, il déclara qu’il allait se tuer et disparut dans une pièce voisine. Au bout de cinq minutes, le parent entendit des cris plaintifs ; il se précipita affolé dans la chambre et trouva le malheureux violoniste gisant inanimé dans une mare rouge. À ses côtés, un vieux pistolet. On n’avait pas entendu de détonation, mais Gofard semblait mort. Il portait au milieu du front une hideuse blessure ; on distinguait nettement le trou fait par le projectile ; un filet sanglant serpentait sur la pâleur du visage.

Cette scène se passait a neuf heures du soir. Le parent alla chercher le commissaire de police, qui vint constater le décès. Tout à coup, on perçut une sorte de ronfement sonore ; puis le mort remua, se leva lentement à la stupéfaction générale, esquissa un sourire fantastique et murmura : « La