Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE CAPTEUR DE CHIENS

Le poète Châtillon, qui ne pouvait souffrir les chiens parce que beaucoup portaient des paletots tandis que lui n’en avait pas, a dû se réjouir du haut de sa dernière demeure, s’il a eu connaissance du nombre exorbitant de représentans de la race canine immolés en fourrière l’année dernière. Il est vrai que les malheureux « toutous » supprimés n’étaient pas de ceux qui pouvaient porter ombrage à la jalousie du pauvre Châtillon. C’étaient, comme le poète, des vagabonds de la pire espèce. Ils n’avaient pas le cou pelé par l’emblème de servitude, et le seul collier qui se soit enroulé autour de leur gorge est la corde avec laquelle ils ont été étranglés.

Maigres, efflanqués, on les voyait, dans les rues des quartiers excentriques principalement, enfonçant leurs têtes dans les tas d’ordures, les entr’ouvrant d’un coup de gueule, et faisant concurrence aux chiffonniers. Parfois, un homme passait, s’arrêtait, saisissait la bête par la peau du cou, et s’en allait à grands pas ; il avait fait une capture pour la fourrière. Trois jours après, le chien était mort. On en tue de la sorte 500 environ par an.