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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/259

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LES SORCIERS DE CAMPAGNE

N’avez-vous pas, en voyageant dans la grande campagne, été une fois témoin du spectacle suivant :

Sur la route qui se déroule comme un immense ruban gris, coupant en deux les champs de blé ou les prairies, une vieille, vieille femme s’avance, courbée sur un bâton. Chef branlant, bouche édentée qui favorise la grimace d’un rictus énorme et le rapprochement du nez et du menton.

Elle marche avec une certaine rapidité, malgré la faiblesse de ses jambes. De temps en temps, elle s’accroupit sur ce sol vers lequel elle est constamment penchée, arrache sur la lisière du chemin quelques herbes qu’elle entasse dans un panier, et reprend sa course en murmurant des mots que personne ne saisit, qu’elle-même, peut-être, ne comprend point.

Enfin, voici le village, dont le clocher se rapproche à chaque pas que vous faites. La vieille arrive au terme de sa course, et plus elle avance plus on dirait qu’elle se hâte. Les deux ou trois personnes qu’elle a rencontrées l’ont regardée avec étonnement, se sont retournées quand elle a été passée ; plus