Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/267

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côté les quarante sous, de l’autre le cigare qu’il allume.

Le malheureux crédule se rend enfin compte qu’il a affaire à un escroc. Mais comment agir ?

S’il bouge pour se défendre, les œufs tombent et le préjudice sera plus grand que celui causé par le vol.

Il se contente de crier, mais quand on arrive pour le délivrer de sa charge, le vagabond a disparu depuis longtemps, en fumant le cigare obtenu grâce à la naïveté du fermier.

Nous ne savons si l’imbécile a gagné son procès, mais il méritait bien de le perdre et ce n’est pas vous, n’est-ce pas, habitans de nos campagnes, qui le plaindriez ?

Comme on le voit, malgré le siècle de lumière dans lequel nous vivons, les derniers sorciers n’ont pas encore disparu complètement. Ils s’en vont, pourtant, peu à peu ; nous ne sommes plus comme au temps de l’abbé Delille, qui disait sans périphrase, chose vraiment curieuse :

Naguere, des esprits hantaient chaque village.
Tout hameau consultait son sorcier, son devin.