Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/302

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« une côtelette » du cotillon marin ou de la pompe marine.

Notre bienfaisant toqué ne se borna point à ce rôle d’Éole ambulant, il fut aussi à ses heures un Jupiter tonnant. Pour rassembler les nuages, il procéda à de nombreuses expériences, dans lesquelles il engloutit une partie de sa fortune ; il rassemblait de gros tas de fumier, les faisait battre et arroser par une soixantaine d’ouvriers qu’il employait à ce travail dans sa propriété de Lescure, et les faisait éventer avec d’énormes soufflets. Si quelque nuage complaisant laissait d’aventure tomber quelques gouttes d’eau, Le Barbier exultait de joie. Il courait de tous côtés, harcelant les ouvriers, les excitant à souffler plus fort et plus longtemps, prodiguant aux travailleurs les exhortations enflammées et quand le nuage crevait enfin en une lourde averse, Le Barbier, trempé jusqu’aux os, mouillé, dégouttant, grotesque et sublime, rentrait chez lui, avec la sérénité d’un dieu antique. Souvent ces expériences sur les fumiers eurent lieu devant l’Hôtel-Dieu, près d’un des pavillons qu’ha-