Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/343

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tion contre le chien de la maison Mézaize, Godard avait eu un complice, qui attendait une part de la récompense promise. Le malin commissionnaire, échaudé une première fois, se garda bien de raconter sa mésaventure à son acolyte qui eut à supporter seul, en venant réclamer sa part, la colère du propriétaire. Tous deux jurèrent de s’en venger et ne trouvèrent rien de mieux que d’aller prouver à la porte de la pharmacie, par des témoignages sans réplique, la liberté dont jouissaient leurs entrailles. Tandis que le pharmacien indigné leur demandait compte de leur conduite, Godard impassible répondait : « Ne craignez rien, je fais mes aises ! »

Le type du Godard, engueuleur, devait faire fortune à une époque où les bals masqués étaient fort à la mode : aussi pendant quelque temps, les Godard furent-ils fort nombreux dans les réunions où le monde rouennais s’amusait. Avec son bonnet de laine, son bourgeron, ses chausses, le Godard fit la concurrence aux forts de la halle et aux débardeurs, dont Gavarni venait d’inventer le costume pittoresque.