Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/63

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qu’il tient les bois de justice. C’est peut-être pour une raison à peu près analogue que la place Bonne-Nouvelle, où l’on guillotine, lorsque par hasard la clémence présidentielle n’a pas fait grâce à un condamné à mort, s’appelle le chantier.

Cependant, qu’on n’exagère pas notre pensée et qu’on ne croie pas qu’il y ait même dans la partie la moins recommandable de ces « soleils » des assassins comme on en trouve dans la fange de Paris. Non, si de temps en temps un coup de couteau mortel est donné, ce n’est pas avec préméditation ; c’est encore moins dans un espoir de cupidité à assouvir. L’alcool frelaté et terrible, qu’on appelle cicasse, cissine ou malétra, et le phonsot, cette boisson spéciale dont le nous avons parlé, débités journellement par centaines de petits verres dans certains cabarets, poussent quelquefois le bras à frapper.

Les discussions et, le penserait-on ? la jalousie suscitent aussi de temps en temps un drame sanglant dans l’arrière-boutique d’un assommoir ; il y a parfois des rivalités « patriotiques » entre les divers nationaux, français et italiens, par exemple ; il arrive également au « soleil » de rouer de coups sa « marquise » (sa femme), mais jamais il ne tue pour retirer de son crime un profit. Il est sans