Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/65

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piens semblables à ceux employés par les prestidigitateurs et remplissant à outrance, grâce à leurs parois épaisses, le rôle de trompe-l’œil.

Veut-on encore quelques-unes de ces expressions bizarres enfantées certainement par des penseurs déclassés ?

La neige s’appelle le tapis ; un notaire, un avoué, un homme d’affaires est une éponge d’or. Être à jeun, c’est faire ballon, parce que l’estomac n’est rempli que de gaz ; un pendu est un joueur de hautbois, et le haricot devient un bourre-coquin ; les jours où l’on ne travaille pas se nomment loupidi (jour où l’on flâne), ceux où l’on travaille s’appellent piochidi (jour où l’on pioche)

On conçoit que, dans cette population curieuse, il y ait des types plus curieux encore, Le « soleil » a ses poëtes, et quand ils ne chantent pas le grand-opéra, on peut les entendre le soir, lorsque le quarante a circulé, entonner quelque refrain pas plus inepte, en somme, que beaucoup de chansons de cafés-concerts et bien plus pittoresque.

Nous n’sommes pas des assassins ;
Si les caleux n’ont pas d’garnos,
Nous nous f…ichons des roussins,
Des douaniers et des sergos.