Page:Frainnet - Essai sur la philosophie de Pierre-Simon Ballanche, 1903.djvu/16

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L’homme qui, d’une part, devient tel ou tel, en vertu de ses dispositions natives, subit incontestablement, d’autre part, et d’une manière plus ou moins profonde, l’influence du contact de la vie. Il nous a donc semblé que, abstraction faite de l’intérêt de curiosité qu’on peut trouver à connaître un penseur d’une façon plus intime que par la seule étude de ses ouvrages, il y a une utilité réelle à esquisser, du moins dans ses grandes lignes, la vie de Ballanche.

Avouons-le cependant sans détours : s’il y a une chose qui n’a pas manqué à l’auteur de la Palingénésie sociale, ce sont bien les biographies. Du vivant même du philosophe lyonnais, Sainte-Beuve et Louis de Loménie lui consacrèrent chacun un article, le premier, dans la Revue des Deux-Mondes de 1834 ; le second, en 1841, dans la Galerie des Contemporains illustres, sous le pseudonyme d’un Homme de rien. Au lendemain de la mort de Ballanche (1847), les feuilles publiques s’emparèrent de sa mémoire[1], et dans la seule année 1848, divers opuscules parurent, où l’on trouve, sur notre philosophe, des études marquées au coin d’une vive admiration. Jean-Jacques Ampère et Victor de Laprade publièrent notamment, l’un et l’autre, en 1848, un petit travail sur La vie et les écrits de P.-S. Ballanche. Or, l’empressement de tous ces publicistes, à mettre en évidence l’homme et son œuvre, tend au moins à prouver que Ballanche était beaucoup aimé.

Ne resterait-il rien pourtant à glaner après eux ? — Tel n’est pas notre humble avis. Outre que leur témoignage

  1. Article nécrologique de Ch. Lenormand dans le Correspondant du 25 juin 1847 ; article nécrologique de Ott, dans la Revue nationale du 1er septembre 1847 ; notice nécrologique d’Albert Aubert dans le Nécrologe universel du xixe siècle, Paris, 1847.