Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/116

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dans la tour. Sans s’expliquer sur le motif qui les amenait, ils prirent par écrit le nom de madame de Lamballe, de madame de Tourzel, de sa fille, et généralement de toutes les personnes affectées à la famille royale. L’ordre déjà donné par la Commune d’enlever ces personnes s’exécuta dans la nuit du 19 août.

Le Roi était couché. Chamilly et moi venions de nous jeter sur le matelas qui faisait notre lit commun. Vers minuit entrèrent deux commissaires de la municipalité.

— Êtes-vous les valets de chambre ? demandèrent-ils.

Sur notre réponse affirmative ils nous ordonnèrent de nous lever et de les suivre. Les mains de Chamilly et les miennes s’étant rencontrées, nous les serrâmes étroitement. Un des municipaux avait dit, le jour même, devant nous : « La guillotine est permanente et frappe de mort les prétendus serviteurs de Louis. » Aussi croyions-nous toucher au dernier moment de notre existence.

Descendus dans l’antichambre de la Reine, pièce très étroite où couchait la princesse de Lamballe, nous y trouvâmes cette princesse et madame de Tourzel déjà prêtes à partir. Leurs bras étaient enlacés avec ceux de la Reine, de ses