Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/119

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accusés fut introduit séparément dans le lieu où siégeait la Commune.

Appelé le dernier, j’espérais y retrouver mes compagnons d’infortune ou, du moins, apprendre d’eux ce qui s’était passé à leur égard ; mais quelle fut ma surprise lorsque, entré dans la salle (il était six heures du matin), je n’aperçus aucune des personnes qui m’avaient précédé.

En attendant que le président, à côté duquel je fus placé, m’interrogeât, j’observais, de l’estrade où j’étais, les gens que renfermait cette enceinte. C’étaient les membres de la Commune, revêtus du ruban tricolore, des hommes du peuple, des femmes, et même des enfants. Une partie de cette assemblée bizarre était couchée sur les bancs et sommeillait.

Lorsque enfin l’on m’interrogea, je fus requis de déclarer mes nom et profession. Persuadé que c’était à celui qui m’interpellait que je devais répondre, je me tournai de son côté :

— Citoyen, me dit d’un ton sénatorial l’un des substituts du procureur de la Commune (Billaud de Varennes), réponds au peuple souverain. »

Je me retournai vers ce prétendu souverain, dont la majeure partie dormait, et ne donnait pas plus d’attention aux demandes qu’aux réponses.