Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/126

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Durant plusieurs jours, le Roi n’ayant eu qu’un seul vêtement, je fus plus d’une fois dans le cas de profiter du moment où Sa Majesté était couchée pour le porter chez Madame Élisabeth, qui passait une partie de la nuit à le racommoder.

Le Roi continuait lui-même l’éducation de son fils ; sa méthode de lui enseigner la géographie, que Sa Majesté possédait parfaitement, était de marquer sur un papier vélin les points limitatifs des provinces, la position des montagnes, le cours des fleuves et des rivières. À ce cadre ainsi préparé, M. le Dauphin adaptait les noms des provinces, des villes, etc.

De son côté, la Reine, livrée tout entière aux soins maternels que Madame Élisabeth partageait avec elle, instruisait Madame Royale dans les principes de la religion, et faisait succéder à ces graves exercices des leçons de musique et de dessin. À cette occasion il me souvient que, l’ordre m’ayant été donné de demander au maître de dessin[1] de la princesse des modèles de têtes qu’elle pût copier il m’en fit remettre un certain nombre. Cet envoi excita contre la famille royale l’humeur d’un municipal, qui voulait absolument voir dans ces

  1. Le peintre Van Blarenberghe, dont la fille était femme de la Reine.