Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/158

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Enfin la fureur contre moi fut au comble quand Billaud de Varennes s’écria : « Ce valet, renvoyé au Temple une première fois, a trahi la Confiance du peuple, il mérite une punition exemplaire. » Au même instant un municipal se leva : « Cet homme, dit-il, tient les fils de la trame ourdie dans le Temple. S’assurer de lui, le mettre au secret, en tirer tous les renseignements qu’il peut donner, sera plus utile et plus sage que de l’envoyer à l’Abbaye ou à la Force. » Quel que fût en ce moment le motif du municipal, son observation me sauva la vie : on décida de m’enfermer dans un des cachets de l’Hôtel de Ville. Remis aussitôt à la garde d’un guichetier, il me fit descendre de la salle de la Commune, me fouilla, me conduisit au lieu de réclusion qui m’était destiné, ouvrit une porte de fer et la referma sur moi.

Quelle position que la mienne ! Seul au milieu des ténèbres, poursuivi par l’idée des assassinats qui se commettaient dans les prisons de Paris, entendant moi-même les égorgeurs errer autour de mon cachet et demander ma tête, laissant, hélas ! le Roi et la famille royale en captivité ! Je frissonne encore au souvenir seul de mes affreuses pensées.

En rentrant dans mon cachot, la lanterne du