Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/169

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son rang. Quant au Roi, il périra. Le Roi vous aime », ajouta-t-il. Ces derniers mots firent couler mes larmes. Je m’efforçais de les retenir ; Chaumette s’en aperçut. « Donnez, dit-il, un libre cours à votre douleur. Si vous cessiez un instant de regretter votre maître, moi-même je vous mépriserais. » Malgré cet accueil confiant, ma demande auprès de Chaumette demeura sans succès !…

Désespéré par ce dernier entretien, je me trouvai réduit à demander, le plus souvent qu’il me fût possible, et par voies indirectes, des nouvelles de la famille royale et a chercher vainement l’occasion de lui être utile.

Le 11 décembre 1792, quand j’eus appris que le roi devait se rendre à la Convention, je m’enveloppai dès le matin d’un grand manteau et je me postai à la porte du Temple jusqu’au moment où le roi quitta la prison pour monter en voiture. Mêlé au cortège qui suivait les prisonniers, je marchais du même pas, tantôt m’avançant pour jeter quelque regard vers le carrosse, tantôt contraint de me tenir en arrière afin de cacher mes larmes.

À six heures du soir, après la clôture de la séance, j’accompagnai de la même manière la voiture du roi jusqu’à la porte du Temple.