Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/174

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était une correspondance entre les captifs du Temple et moi. Je tiens à faire connaitre cette correspondance dont le détail n’est pas sans intérêt. Elle était entretenue par la Reine, Madame Élisabeth, M. Turgis et moi.

Dans une des pièces du troisième étage de la tour du Temple se trouvait un poêle où l’on avait pratiqué des bouches de chaleur. C’était dans l’une de ces ouvertures, ou dans un panier destiné à recevoir les balayures de la chambre, que Turgis déposait à la dérobée, soit un billet d’avis, soit des annonces de journaux. De leur côté, les princesses plaçaient aux mêmes endroits leurs billets, écrits tantôt avec du jus de citron, tantôt avec un extrait de noix de Galle. Un signe convenu indiquait respectivement le lieu du dépôt. Hors de la tour, le fidèle serviteur faisait revivre l’écriture, et me transmettait les choses qui me concernaient.

Quoique je, ne pusse, sans un danger certain, paraître dans aucun lieu public, je n’en étais pas moins instruit de ce qui se passait. J’avais fréquemment avec des seigneurs de la cour, et même avec quelques députés, des entretiens nocturnes. Mes rendez-vous avec Turgis avaient lieu hors des murs de la ville dans des lieux écartés et